Traveaux

Peintures

Le Daltonisme

Pour rajouter à la différence, j’ai un handicap grave.
Ou un handicap grave
?
Non, je n’inverse pas les couleurs.
Non, je n’inverse pas le vert et le rouge.

Oui, je peux nommer les couleurs.
Mais vous, êtes-vous sûr d’être normal
? De voir « normalement » les couleurs ?
Il semblerait qu’un homme sur huit soit Daltonien, une femme sur deux-cent cinquante.
Donc, beaucoup de Daltoniens s’ignorent.


J’ai reçu cette triste vérité à vingt-deux ans seulement, je m’en doutais mais n’étais pas sûr.
J’étais étudiant en Arts, à la Villa Arson et j’aimais peindre.
J’ai appris par cœur la théorie des couleurs, ce qui n’est pas naturel pour moi, cela représentant un travail énorme et fait un travail peint pour mon passage en deuxième année.
Puis je n’ai pas peint pendant quinze ans.

J’ai recommencé à peindre avec le tableau l’hydre. Enfin… À peindre des choses issues de mon esprit et non pas provenant de commandes, car je peignais parfois pour des commanditaires, en lisant le nom de la couleur sur les tubes. Le nom des couleurs sur les tubes, c’est mon Braille.

Un jour, mon prof de couleur aux Beaux-Arts me dit que mes couleurs sont fausses, je rétorque « non » bien sûr ( j’ai toujours eu un mauvais caractère ), je lui explique mon handicap, elle me répond « Louis, tu emmerdes le monde ». Je lui ai répondu logiquement que le monde ne me connaissant pas je n’emmerdais qu’elle.
Au final, elle avait raison, le monde m’emmerde, je ne sais plus.

DALTONIENS DE TOUS PAYS, UNISSEZ-VOUS !

La comédie humaine

par Louis Dollé