Histoire d’un fabulateur.
(extraits)
Né à Nice en 1971, Louis Dollé se destine à une carrière d’ébéniste. Diplôme en poche, il poursuit sa formation chez celui qui deviendra son maître, Jean Cortèse. Sa soif de connaissance et son goût prononcé pour l’art comme cosa mentale le pousse vers des études d’art. Il fréquente la Villa Thiole, passe son baccalauréat en candidat libre puis entre en 1994 à la Villa Arson. Cependant, ce cadre ne lui correspond pas vraiment et Louis Dollé abandonne ces études.
En 1999, il rejoint le collectif des Diables-Bleus et de la Brèche avant d’intégrer No-Made en collaboration avec de nombreux artistes dont Virginie Teurbane, monte des expositions, donne des cours dans son atelier, enseigne dans des lycées, forme des apprentis. L’artiste propose ainsi une alternative au système artistique sclérosé actuellement en place.
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Louis Dollé développe une œuvre protéiforme ayant pour fil directeur le travail in situ et la construction de récits. ../.. Cette dernière possède une forte puissance pathétique dans le sens où elle fait appel à l’émotion du regardeur. Par le biais de la contemplation et de la narration, elle invite à la réflexion. Dès ses premières pièces, l’artiste ressent le besoin de transmettre une idée, un concept, par l’intermédiaire d’une forme artistique. Chaque œuvre illustre une histoire vers laquelle elle est entièrement tournée. Tous les éléments constitutifs de l’œuvre sont signifiants; des différents matériaux et techniques au plus petits détails en passant par la mise en vue de l’œuvre, tout est générateur de sens. ../..
Louis Dollé inscrit son travail dans un continuum artistique dont les figures phares sont Rodin, Carpeaux, Carriès, Giacometti mais aussi Ernest Pignon-Ernest Ousmane Sow et encore Ben Vautier. Loin d’une démarche purement citationnelle ou appropriative, il actualise des figures issues de traditions extrêmement variées mais qui renvoient toutes à un fond culturel partagé, d’où la multiplication de références artistiques, historiques mythologiques et populaires. ../..
Dollé appréhende son métier comme un « passeur d’images» et de significations et se définit lui-même comme un « Artiste ymagier». ../.. Il perpétue ainsi le long fil de l’histoire de l’art et nous rappelle qu’il est fait d’éternels recommencements. ../.. Ainsi, on peut dire des œuvres de Louis Dollé qu’elles ne sont jamais achevées mais en constante mutation. D’ailleurs, l’artiste n’hésite pas à multiplier ces expériences en créant des variantes ou des dérivés de ses propres œuvres. ../..
Par l’intermédiaire de ses écrits, Louis Dollé nous transmet ses expériences extraordinaires. Jouant sur les références, le ton de la confidence crée un lien d’intimité prégnant entre l’artiste, le spectateur et l’œuvre. ../.. Devenu fabulateur, l’artiste interroge notre rapport au savoir et à l’imaginaire mais aussi la notion d’humanité. Son œuvre toute entière doit se lire comme un acte de re-création qui questionne notre société et propose une « manière d’être au monde» fondée sur les valeurs humaines et la transmission du savoir.
Rebecca François
Historienne de l’Art Contemporain