Pourquoi représenter « l’homme qui marche » nu ? 

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Pourquoi représenter « l’homme qui marche » nu? 

C’est une excellente question, mon homme qui marche est l’héritier de nombreuses représentations d’hommes qui marchent dans l’histoire de l’Art: il est vrai que curieusement pour des hommes peut ont leur sexe représenté, tout comme il n’y a pas à ma connaissance de « femme qui marche »… 

Mon homme qui marche pourrait d’ailleurs malgré sa « sexuation » être retiré « humain qui marche » je l’expliquerais à la fin du texte…
Mais pourquoi est-il nu?
D’abord un peu d’histoire de l’Art: 

Les premières représentations humaines sont nues! dès la préhistoire…
Les Grecs portent une grande attention au corps, surtout masculin, à son entretien et à la beauté, perçue comme sacrée. La représentation de leurs dieux anthropomorphes évoque la perfection corporelle.
Les artistes grecs étudient l’anatomie et les proportions, et visent une beauté idéale, dont Polyclète et d’autres établissent des canons du nu masculin.
L’art pictural et la statuaire du Moyen Âge sont presque exclusivement à buts religieux. La nudité, rare, est un rappel de la condition mortelle et imparfaite de l’homme, et un interdit après le péché originel.
Le style gothique marque un essor de l’ornement et de la représentation humaine. Dans les représentations des enfers sur les tympans des églises, on trouve quelquefois des personnages nus, dont les parties génitales sont dévorées par des griffons, des serpents, des scorpions.
Dans l’imagerie sacrée, la nudité reste associée au thème du péché
À la Renaissance, le corps nu est un sujet à part entière. Il exprime une éthique humaniste et un esthétique nouvelle. Au début, les corps sont particulièrement corpulents (gras) car on souhaitait montrer que l’on entrait dans une nouvelle ère d’opulence et surtout parce que le désir premier des humanistes était de placer l’homme au centre de l’univers
Albrecht Dürer est le premier artiste à se représenter nu en 1503. Une des études anatomiques les plus célèbres est l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci).
Le nu féminin, tout en exprimant un idéal de beauté, commence à traduire un érotisme, qui posera quelques problèmes dans la réception des œuvres en raison des mentalités qui n’étaient pas prêtes à accepter ce type de représentation. En effet, le courant des sujets religieux, promu par le mécénat officiel de l’Église, s’affrontait avec un mécénat privé néo-classique qui appréciait les sujets mythologiques.
Certains artistes durent trouver toutes sortes de stratagèmes pour que la nudité ne soit pas choquante et n’entraîne pas le rejet de l’œuvre. Soit la pose elle-même masquait ce qu’on ne voulait pas montrer, soit un cache-sexe plus ou moins opportun fut largement employé, autant sur les sculptures que dans la peinture : c’était soit un morceau d’étoffe, soit une feuille de vigne (comme sur Adam) ou de figuier, et parfois des éléments plus ingénieux comme les cheveux (pour la Naissance de Vénus de Botticelli).
Quand il n’y avait pas de cache-sexe, souvent le sexe était prépubère, à la manière 

antique. Il est d’ailleurs quelquefois difficile de différencier les enfants, adolescents et adultes dans la mesure où la musculature ne correspond ni au visage ni au sexe (comme dans les œuvres du Caravage ou de Michel-Ange). Mais certains ne s’embarrassaient pas de ces convenances, comme le David de Michel-Ange ou le Persée de Cellini, exposés aux regards sur la place publique dès leur création. Certains nus de la Renaissance furent toutefois seulement censurés plus tard, par les descendants des propriétaires des œuvres. C’est notamment le cas d’une fresque de Masaccio (ci-contre) sur laquelle les sexes des deux personnages furent recouverts de feuilles de figuier deux siècles plus tard (et enlevées lors de la dernière restauration). 

Ainsi Michel-Ange a t’il du défendre ses fresques dans la chapelle sixtine en opposant comme argument au pape que lorsque nous seront au paradis nous y seront nus! .
Ce qui n’empêchera pas le pape suivant à commander à un élève de Michelange Danièle della Voltera de recouvrir les sexes de tissus; il entrera ainsi dans l’histoire de l’art sous le surnom de « Braghetone » qui veut dire caleçon…
En totale contradiction avec les courants précédents viendra plus tard le rococo. Celui-ci se caractérise par la mise en avant de scènes privées. Dans cette optique, les nus sont eux aussi des scènes privées, principalement féminins et assez souvent érotiques.
Watteau peint une dame faisant sa toilette, François Boucher lui n’hésite pas à peindre nue une des courtisanes de Louis XV, ou encore à se servir de sa propre femme comme modèle de son Odalisque (dans une pose très suggestive).
1800…
Dans la hiérarchie des genres, la peinture de personnage, qu’elle soit historique ou allégorique, occupe la première place. Le nu, par la difficulté de représenter l’anatomie et la carnation, permet à l’artiste de démontrer son talent.
En sculpture, on fait un grand usage de sujets et de poses antiques, dont la célèbre Vénus de Canova pour laquelle Pauline Bonaparte avait posé. Si le nu intégral ne choque plus guère pour les œuvres publiques monumentales, on note une pratique particulière concernant les sculptures en bronze destinées aux particuliers.
La peinture romantique, réaction du sentiment contre la raison, se caractérise par un goût très marqué pour la dramatisation. Les peintres n’hésitent plus à montrer la réalité, aussi violente qu’elle puisse être. La peinture romantique se caractérise aussi par l’arrivée de l’exotisme dans les mœurs occidentales, par le fantasme du harem (par exemple Au harem – Femme au bain de Théodore Chassériau de 1854), des femmes mises à disposition ; les œuvres deviennent plus libérées et les nus expriment la sensualité et parfois même la sexualité. La peinture romantique est une totale rupture avec le classicisme et s’écarte également du néoclassicisme par un relâchement des conventions formelles : ce ne sont plus les formes et les sujets que l’on met en valeur, mais davantage l’intensité des couleurs, des contrastes et de la lumière.
Proches des préoccupations sociales de leur époque, les peintres réalistes privilégièrent les études de nus féminins sur le vif, dans des situations quotidiennes. Ils prennent pour modèles des femmes de classes sociales inférieures, des prostituées ou leurs maîtresses car jusqu’à cette période, les modèles des nus académiques étaient presque26 toujours masculins27.
Loin de l’idéalisation du néoclassicisme, ces œuvres crues choquèrent le public et les critiques contemporains. Gustave Courbet avec son tableau L’Origine du monde, 

                    

montre une représentation sans voile du sexe féminin. Le tableau, exposé au musée d’Orsay depuis le milieu des années 1990 alors qu’il n’avait été précédemment montré qu’au cercle restreint de ses propriétaires successifs28, est encore aujourd’hui considéré comme indécent, comme en témoigne une action en justice à l’encontre du site Facebook accusé de censure par un internaute29. 

Les nus impressionnistes empruntèrent à l’école réaliste un goût pour le quotidien, en opérant toutefois un retour marqué à certaines scènes bucoliques, idéalisées. Un des initiateurs du mouvement fut Édouard Manet qui provoqua un scandale au Salon des Refusés en 1863 en présentant le Déjeuner sur l’herbe, où une femme entièrement nue participe à un simple pique-nique dans la nature en compagnie d’hommes habillés. La culture ou la sincérité des critiques peut être mise en cause, puisqu’un seul remarqua que le tableau était une reprise du Concert champêtre de Giorgione, que Manet avait vu en Italie30. Le nu suivant, de nouveau une variation sur un classique italien (la Vénus d’Urbino du Titien), Olympia provoqua encore un tollé car il représentait une femme ordinaire, probablement une prostituée, nue mais ayant gardé son collier, un bracelet et ses mules aux pieds et accompagnée d’une domestique noire (lui présentant peut-être le bouquet d’un admirateur) et d’un chaton noir. 

Le paradoxe du nu 

Comme la nudité publique est socialement réprouvée et parfois légalement réprimée en Europe dans la plupart des circonstances de la vie quotidienne, la licence pour les artistes de représenter des corps nus a fait l’objet d’un très grand nombre de commentaires. Le plus souvent, les attaques contre le nu font appel à des notions supposées connues de tous comme la décence ou au contraire l’obscénité ou la débauche, tandis que la défense de cette « licence artistique » fournit des arguments plus complexes, variables selon l’époque et selon l’état des mœurs, articulés autour des notions de forme, de symbole, d’art, faisant écho aux diverses significations qui sont à ce moment communément associées à la nudité et à l’art. Depuis longtemps des moralistes et des esthètes ont ainsi pris parti, tandis que plus récemment le nu a suscité des recherches de juristes, de sociologues et de chercheurs en anthropologie sociale et religieuse, et en étude des relations de genre (entre masculin et féminin) 

Sculptures nues 

Le penseur de Rodin
Contrairement aux représentations classiques de la pensée, telle la déesse Athéna drapée et armée, Le Penseur de Rodin est un homme nu, symbolisant par là l’universalité de la pensée, et musclé, liant l’exercice de l’esprit à celui du corps. 

L’homme qui marche de Rodin 

Souvent considéré comme le symbole de la création pure enfin débarrassée du poids du sujet, L’Homme qui marche apparaît comme l’image même du mouvement. 

L’homme qui marche de Giacometti 

Il existe deux versions de l’Homme qui marche : L’Homme qui marche I et l’Homme 

qui marche II. Le buste de l’Homme n’est pas incliné de la même façon. Chacune de ces versions a été reproduite en bronze (10 exemplaires originaux de L’Homme qui marche I et 9 de L’Homme qui marche II).
à l’origine modelé en plâtre. 

L’homme qui marche de Dollé, maintenant 

En fait cet homme qui marche avant d’être pour la première fois installé en bronze pour l’hôpital Pasteur2 à Nice est en bois.
Il a une canne car je le voulais sans socle (pour le bronze, plus lourd, un socle fin a été rajouté) et donc le tripode permettais pour la première fois de libérer la sculpture de toutes entraves… 

Il est symbolique: tout évoque la marche; les grandes jambes, les grands pieds et la main libre évoque les mouvements de la marche.
Le visage est une représentation du rêve que l’on fait lorsque l’on marche: elle est l’évocation des « rêveries du promeneur solitaire » de JJ Rousseau… » 

Son sexe est là pour dire « homme » mais attention! le corps vu de derrière peut avoir un mouvement « féminin » car il y a la femme pour l’humain…
Je voulais dire des choses neuves par rapport aux précédents (nombreux) « homme qui marche » qu’il y a dans l’histoire de l’art…
La nudité est donc une symbolique importante!
et en même tant non, car il est nu en sa simplicité. 

J’ai essayé avec des symboles simples de représenter simplement la marche. 

L’homme qui marche 

Ce matin, il voulut aller là-bas.
Il se mit à ramper sur le ventre,
ses quatre membres brassant l’air!
il se rendit vite compte qu’en posant
ses membres au sol il pouvait se
soulever et voir le monde de plus haut.
De plus, il put constater que s’il
avançait un membre puis l’autre,
la direction vers laquelle il voulait se
rendre se rapprochait,
avant qu’il ne tombe! Il ne lui restait plus qu’a synchroniser ses mouvements.
A midi, sa marche est plus habile ;
son pied droit se soulève pour se projeter
vers l’avant puis retombe sur le sol
alors que le gauche lui se soulève
à son tour puis retombe puis le droit
puis le gauche puis le pas dépasse
les distances loin toujours plus loin
là-bas devant…
Ce soir, il commencera à se fatiguer,
les pas seront plus … lents, 

moins assurés, il se munira d’une canne afin de s’aider, de s’équilibrer,
pour aller là-bas car il doit y aller… 

Louis Dollé et la Marche du Temps

Louis Dollé et la Marche du Temps

par Sophie Taam L’art , il me semble, n’a jamais été aussi étroitement connecté à la vie qu’aujourd’hui. L’art premier n’est-il pas, en effet, pour les artistes non institutionnalisés, l’art de (sur) vivre ? Une grande partie de leur créativité est utilisée pour...